C'était mieux avant...

Mais...

J'avais écrit un très joli article sur "pourquoi je prends autant mon pied à gagner en HE $1/$2 qu'aux limites plus élevées où j'évoluais avant mon... accident", que seule la gagne est belle, que tout le reste (ludisme, éducation, défi, reconnaissance etc etc etc) n'est qu'un ramassis de boulets qu'on traine derrière soi comme autant de handicaps... Bref, que l'idée qu'on retrouve régulièrement, ici et là, qu'il est plus intéressant de jouer, par exemple, en NL200, avec des joueurs plus raffinés, qu'en NL50, avec les demeurés de service, est la preuve d'un manque flagrant de compréhension du poker. De ses principes. De son intérêt. De sa finalité.

Et tout est passé à la trappe lorsque j'ai tenté de publier.

En gros, résumé sans style, donc, et puisqu'on m'a posé la question : je me suis lancé avec une micro bankroll, sans aucune sécurité. Avec le temps, et malgré le fait que je prélevais un max tous les mois pour vivre, elle avait commencé à prendre de la gueule. Et me permettait même d'être à l'abri un mois "noir de chez noir". Je n'avais pas envisagé le mois compte double. Au vu ce qui me reste de "bankroll" (fond de roulement serait plus correct vu sa minceur), je me considère comme broke et contraint de repartir de zéro n'ayant sous la main ni généreux mécène capable de sortir quelques milliers d'euros, ni capacité/désir à emprunter, ni plan de secours.

Si cela veut dire retourner "grinder" les $1/$2 ou $2/$4 le temps qu'il faudra, que cela soit. C'est le prix à payer pour mes erreurs de gestion de bankroll (plus d'autres). J'assume et je retourne au charbon avec le même désir de gagner (en fait, sans doute même un désir plus grand, une partie de mon accident s'expliquant certainement par une perte de ce désir).

Voila. Si vous désirez apprendre, étudiez. Si vous voulez affronter de meilleurs joueurs, jouez aux échecs où le hasard n'entre pas en compte. Si vous voulez du fun, il doit exister des milliers de jeu préférables au poker. Le poker n'est pas fun. Gagner occasionnellement contre de meilleurs joueurs équivaut à être en permanence un perdant. Tous ces désirs, aussi nobles qu'ils soient, n'ont pas leur place autour d'une table de poker. Ou, plutôt, si : vous désirez plus que tout qu'ils soient présents. Mais chez vos adversaires qui ne peuvent, ainsi handicapés, avoir l'esprit complètement centré sur le seul intérêt du poker : gagner.

Je préfère affronter des abrutis en low limit et m'alimenter chez le traiteur du coin plutôt que de satisfaire mon ego en me contentant de miettes de limites supérieures... et des merdes de hard discounter.

Evidemment, j'aurais la BR nécessaire, je jouerais plus haut. Mais pas forcément si haut que ça. Le but, le seul but du poker, est (ça ne fait pas de mal de le répéter) de gagner. On peut trouver tous les alibis qu'on veut (plaisir, estime, éducation, whatever), il sera toujours d'autant plus facile de gagner que l'adversaire est prêt à perdre. C'est le fondement même du poker : on ne gagne que ce que les autres sont prêts à perdre. Croire qu'il y a le moindre intérêt à passer d'une table de huit abrutis à une de huit joueurs maîtrisant au minimum l'ensemble des fondamentaux est un non sens total. Qu'on voit pourtant fleurir régulièrement...

voila, c'était bien mieux développé lors du premier jet. Avec des images sympas et un style plus drôle. Tant pis.


Pour compenser, une petite main qui n'y était pas :


Teapot_76: posts small blind $0.50
brunopg: posts big blind $1

*** HOLE CARDS ***
Dealt to kipik [Th Ts]

Duffa: calls $1
5 fold
kipik: raises $1 to $2
2 fold
Duffa: calls $1

*** FLOP *** [3c 9s 8s]
Duffa: bets $1
Abellyus: raises $1 to $2
Duffa: calls $1

*** TURN *** [3c 9s 8s] [Tc]
Duffa: checks
Abellyus: bets $2
Duffa: calls $2

*** RIVER *** [3c 9s 8s Tc] [Qc]
Duffa: checks
Abellyus: bets $2
Duffa: raises $2 to $4
Abellyus: raises $2 to $6
Duffa: calls $2

*** SHOW DOWN ***
Abellyus: shows [Th Ts] (three of a kind, Tens)
Duffa: mucks [Qs 9c]

Une main intéressante qui illustre plusieurs principes propres aux tables $1/$2.

Je viens d'arriver à la table mais je connais bien mon adversaire, un 45/14 (paie pour jouer 45% de ses mains en relançant préflop 14% du temps). En clair : un bon pigeon qui joue trop de mains, trop agressivement pour cette limite (sur PS où les tables sont assez denses).

La relance préflop est banale, je veux jouer TT contre le moins d'adversaires possible. Vu son agressivité générale préflop, je suis face à une poubelle : mauvais as dépareillé, petit connecteur, KX, main plus ou moins connectée avec une grosse carte...

La relance au flop est aussi classique avec une overpaire sur un flop aussi riche en tirages (double paire très possible, tirage quinte, tirage couleur). Flop dangereux, donc, mais sur lequel je suis assez tranquille contre cet adversaire : il limp et paie juste ma relance, on peut exclure qu'il ait une paire en main. 89 serait donc la seule main possible qui me batte pour l'instant. Mais son attaque directe le trahit. En $1/$2, ce genre d'attaque dans le relanceur initial cache très rarement un monstre. A cette limite, les joueurs slowplay énormément (trop). A 90%, ce genre de bet indique Top Pair. Et, le plus souvent, même pas avec le Top Kicker (K-Q-J/9)...

Son call laisse penser qu'il n'a pas non plus un double tirage comme TJ ou 67 à pique puisqu'il pousserait probablement un "super-tirage"

Le T au turn est amusant : il complète certes un tirage possible mais me met à l'abri d'une double paire. Plus une chance d'outdraw une quinte sur doublette à la river (sans compter qu'elle enlève un "out" à un tirage couleur). Le bet est automatique. Son check-call me conforte dans l'idée qu'il n'a vraiment pas grand chose.

La river est plus problématique. Tout valet m'explose et la tentation de juste checker est grande. Mais la présence d'un valet est très improbable. Avec trois Dix sortis, je doute qu'il puisse avoir JT. S'il avait QJ, il me battait déjà au turn et je ne le vois pas ne pas envoyer alors un raise. Cela vaut encore plus pour un éventuel 67. Restent donc J8 et J9 comme candidats possibles. Même, si, là encore, le turn aurait mérité plus d'action de sa part. Ce serait possible chez un joueur plus passif, ce serait étonnant de la part de ce genre de joueur. Il est donc plus probable que je le batte que l'inverse et je me décide pour un value bet.

Son raise est typiquement le genre de moment qui vous dresse les poils. Petite revue des possibilités :


  • QQ slowplayée depuis le début : aussi crédible que...
  • JJ : chez un joueur plus fin, ça aurait du sens. Ici, je n'y crois pas une seconde
  • quinte rentrée au turn : j'ai rejeté l'hypothèse pour de bonnes raisons, je ne vais pas y revenir
  • quinte river (J8/J9) ou backdoor flush : ce sont des choses qui arrivent. Ce serait moche. Mais son move suppose que je bet un board aussi dangereux sans J/couleur. Franchement, je n'aurais pas TT en main, la possibilité qu'il ait JT par exemple est tellement grande que j'éviterais le value bet la plupart du temps. ET JE SUIS UN JOUEUR TRES AGGRO A LA RIVER. La très très grande majorité des joueurs de $1/$2 checkerait la plupart du temps un board aussi dangereux sans au moins un valet en main. Pour lui, le bet river est quasi automatique dans ce cas.

Bref, il est plus probable qu'il soit sur un move idiot ou que la Q river l'ait aidé sans pour autant lui donner quinte/couleur que l'inverse (Q8/Q9). Et mon read me semble assez bon pour surelancer plutôt que sagement payer en comptant que je serai payé par une double paire et seulement relancé par couleur.

Une main bien tendue comme on les aime ;)


Et ce sera tout ce kipik pour la seconde fois de la journée...

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