à cheval sur mon dada

Je l'avais promis, retour sur le HORSE qui me réussit plutôt bien (5 tables finales, 2 victoires et un taux In The Money hallucinant -ce texte ayant un peu traîné, il faut revoir ce taux à la baisse mais ça reste impressionnant, d'autant que je me livre encore à certaines expérimentations pas toujours rentables). Mon expérience de la chose n'est pas encore bien grande pour autant mais je vais tenter de la partager. Si vous êtes un expert en HORSE ou une variante quelconque, merci de me pardonner à l'avance pour les éventuelles monstruosités que je pourrais écrire. Et de me corriger ;)

Pour autant ces quelques conseils me réussissant plutôt bien, alors que je suis loin d'être bon en studs, il doit tout de même y avoir plus de bon que de mauvais à en retirer. Ce qui est l'essentiel, non ?

Je poste en même temps sur club poker un CR du $30 que j'ai gagné pour illustration. Ce tournoi n'est pas non plus parfait mais certaines de mes erreurs sont très révélatrices de ce qu'il ne faut pas faire. Vous trouverez ça ici : http://www.clubpoker.net/forum/viewtopic.php?p=260036#260036


Note : ces conseils "stratégiques" sont surtout valables pour la structure "2000 chips-10mn" de pokerstars. Si vous jouez un tournoi "1800 chips-12mn", il va falloir adapter un peu. La montée plus rapide des blinds dans cette structure oblige à plus d'agressivité : plus possible de patienter autant jusqu'à trouver une main pour doubler (je shématise). Mais il faudra aussi être encore plus prudent. Si un mauvais coup dans le "2000" est rarement mortel, la structure du "1800" fait que l'on se retrouve presque aussitôt à la rue. Bonne chance pour trouver le juste équilibre, j'avoue avoir encore un peu de mal sur les "1800".

Ils s'appliquent à peu près à tous les buy-ins de $10 à $100 avec, bien sûr, des modulations. Jouer plus serré sur les plus petits buy-ins (quasiment les nuts sur le $3). Mais pousser à mort les monstres qui seront payés. Jouer encore plus position/adversaire sur le $100 (mais les autres joueurs savent aussi le faire en général). Néanmoins, même dans le $100, ça joue beaucoup plus la main que le reste.


Quelques conseils généraux
que j'avais oublié la dernière fois

Vous n’avez que du high en Razz et enchaînez avec des mains low en Stud ? Patience ! PATIENCE !!! C’est probablement une des plus grandes causes de mortalité en HORSE. Cette frustration est légitime. Mais surtout, surtout, ne vous laissez pas prendre à rentrer en Stud avec une main low sous prétexte qu’elle est plus ou moins coordonnée avec un As. Certes, ce sera la troisième main de razz de rêve que vous coucherez de suite. Mais ça n’en fait pas une bonne main de stud. Cette mémoire « résiduelle » est très difficile à combattre. Plus encore que dans n’importe quelle autre forme de poker puisqu’un bad run ressemble beaucoup à du bon jeu… avec un poil de retard.

Un conseil reviendra souvent : jouez tight. Le HORSE est un "action game" et, même en jouant serré, vous allez jouer pas mal de mains. Et, les blinds allant dans le sens qu'on leur connait, vous allez jouer de plus en plus, ne serait-ce que pour voler (ou contre-voler). Ca ne veut pas dire de jouer comme la pire des serrures, mais d'être attentif. Attentif et sélectif. Soyez très sélectif sur les mains que vous comptez jouer (pas celles pour voler, donc). Les ante font mal mais mieux vaut les encaisser dans un bad rush que de se lancer avec une main moyenne/médiocre qui coûtera bien plus cher. Et choisissez bien vos vols pendant ce temps pour vous maintenir à flot. Dites-vous bien que la fold equity est quasi nulle lors des deux premières rotations.

Par contre, soyez très aggro avec vos bonnes mains. Ce n’est pas propre au HORSE mais c’est ici indispensable du fait de la mixité entre variantes à bluff et variantes à showdown. Quand vous avez le lead dans une main qui ira au showdown, bettez. Ne slowplayez pas. Il faut absolument donner l’image du joueur solide (quasi nit) pour derrière faire coucher sur les jeux à bluff. Un exemple typique : vous payez depuis le début un tirage low en Stud hilo et touchez un set à la 5ème contre un adversaire avec juste une paire, envoyez ! Vous perdrez peut-être un bet sur ce coup mais vous le récupérerez largement ensuite.

Autre conseil : ne pas gambler certaines mains délicates juste avant de changer de niveau SAUF SI votre stack va souffrir du changement. C’est notamment le cas en fin de HE : si vous avez une main douteuse en mauvaise position et qu’on va passer au O8, couchez sans regret. C’est vrai aussi, bien que dans une moindre importance, en fin de O8. Et également en fin de Stud hilo. Mais, là, c’est surtout la position du bouton qui doit vous décider. Et il faudra parfois avoir le raisonnement inverse. Si vous êtes un peu short et allez être de BB à la prochaine rotation, il vaut probablement mieux risquer un gamble en Stud hilo que d’attendre le HE.




Plan Général
Il faut voir un tournoi de HORSE comme un univers en perpétuelle évolution. Une autre image qui me plait bien est celle d'une étape cycliste de montagne.

Analysons d'abord un tournoi de NLHE : la structure est relativement simple, on peut grosso modo définir trois étapes jusqu'à la Table Finale : le démarrage, l'accélération et l'arrivée (qui peut se terminer en sprint, le heads-up, après une éventuelle période d'observations-attaques, la TF). Un tournoi de NLHE tient donc plus de la course sur plat, voir du contre la montre avec les structures les plus rapides.

Le HORSE est totalement différent. Il ne faut pas voir le tournoi comme un mix de cinq variantes. Mais plus comme une course de montagne : avec ses plats, ses ascensions plus ou moins brutales et ses descentes. Selon la variante (la pente), il va être nécessaire d'adopter des rapports différents. Selon votre état de fatigue/forme (votre stack), il va falloir pousser pour profiter du "terrain" ou, au contraire, baisser le rythme pour se refaire une santé en attendant un terrain qui vous convienne mieux.

Chaque jeu possède en effet des caractéristiques uniques en terme de ratio risk/reward, taille moyenne du pot, taille moyenne du gain/joueur, investissement moyen etc etc etc Et ces facteurs peuvent (doivent parfois) jouer un rôle plus important que les cartes elles-mêmes.

Il serait illusoire de vouloir détailler tout cela dans ce blog. D'abord car je n'ai pas encore toutes les clés. Ensuite car cela nécessiterait certainement un livre entier. Mais, en très shématique :

Les jeux à splits n'ont pas un gros ratio risk/reward (en général). Si vous avez un stack supérieur, autant éviter de s'y engager sans un excellent jeu (de bonnes possibilités de scoop au minimum).

L'Omaha 8 est le pire de ces jeux splittés puisqu'il ajoute au split le risque de quartering (deux joueurs à égalité sur la même moitié du pot). Ce qui est surtout le cas des très bonnes mains de départ (A2 & A3). un comble. A l'inverse, le stud hilo est souvent joué passivement, avec un ou plusieurs joueurs sur chaque moitié qui s'observent. Cela compense souvent le split risk.

Plus votre stack est volumineux, plus les Studs (stud, stud hilo, razz) vous favorisent avec leur round d'enchère supplémentaire. Avec les ante, ce sont aussi des pots plus intéressants qu'en HE pour voler.

Le HE permet des gains souvent faibles mais très faciles (seulement deux cartes en main). Et de gros gains sur un bon setup pour vos grosses mains.

L'idée générale va donc être de tirer parti de ces différences selon votre état de forme. Vous êtes bigstack ? Jouez l'O8 en roue libre. Peu de flops vus et nuts pedaling ensuite (au moins lors des deux, voire trois, premières rotations). Profitez ensuite de votre tapis en razz et stud. Gérez l'effort en stud hilo. Et assurez en hold'em, quasi nits+quelques vols faciles. A l'inverse, vous êtes short ? Profitez des jeux à flop pour essayer de vous refaire une santé. Tentez de petits coups en razz en limitant l'investissement au minimum. Puis laissez passer la difficulté du Stud à moins d'avoir un monstre sous le capot. Et avisez en Stud hilo selon l'ambiance générale et la qualité de vos mains.

Bien sûr, il faut ajouter une difficulté supplémentaire : votre stack va évoluer. Et il peut évoluer très vite! Si vous avez l'habitude des tournois en limit, vous savez aussi bien que moi que la différence entre un gros tapis et un petit n'est souvent qu'une main. Une notion que les joueurs de NL appréhendent assez mal en général. En HORSE, il faudra donc passer d'une logique Big à une logique Short en quelques secondes. Ou l'inverse. Et toujours réussir à associer stratégie à très court terme (cette main), à moyen terme (le prochain niveau) et à long terme (le niveau suivant) pour se mettre dans la meilleure position possible.

Je réalise que cela peut paraître obscur. Ou que ça ressemble beaucoup à la gestion d'un shortstack/bigstack en NL. Mais cela va bien plus loin. Il y a dans la gestion de ces différentes variantes, de leurs forces/faiblesses en relation à son stack, une vraie dynamique qu'on ne retrouve nulle part ailleurs.

J'aurai certainement l'occasion d'y revenir. Pour l'instant, voyons la suite. Toutes les indications données correspondent à un tapis moyen. Si votre tapis bascule vers le gros ou vers le mince, à vous de trouver les bons ajustements en fonctions des lignes ci-dessus.



Sur la "stratégie" :

Lvl I - HE - 10/20
Ce premier niveau de hold’em peut sembler anodin avec ses blinds ridiculement basses. Mais il a au contraire un rôle essentiel. L’objectif de ce level est de ne surtout pas perdre de chips. En gagner est bien sûr mieux. Mais mieux vaut être un peu "weak" et laisser passer des situations marginales que laisser 200 ou 300 chips qui vont cruellement manquer quand il faudra aborder la ligne droite des studs (razz compris). Accessoirement, gagner autant de chips aura ensuite un rôle très secondaire.


Level II - Omaha Hi/Lo - 30/60
Un niveau délicat, amha. Il est en effet tentant, et logique, de gambler pas mal de mains plus que douteuses. Il y a pas mal à gagner dans chaque pot vu que ça se joue le plus souvent à 4-6 joueurs; même en divisant par deux. Mais il y a aussi pas mal de joueurs « approximatifs » et il faut s’attendre à ce que beaucoup de coups soient relancés pf, flop et parfois turn. Et souvent surelancés ou cappés. Avec parfois rien de plus que TP vs double. ou second nuts low. Pas mal poussent leurs mauvais tirages à fond. Se retrouver dans ce genre de main à vite fait d’épuiser votre cave si vous ne chattez pas un peu.

J’ai donc tendance à être relativement tight (mini A4 suited, A3 off) dans les premières positions, à ouvrir un peu au CO et bouton. Mais toujours des mains pouvant scooper (ou presque). Et à quasiment jouer toutes les blinds pour une relance. Si vous avez un maniaque du raise sur votre gauche, resserrez même en fin de parole. Si la table est "sauvage", limitez-vous aux "premium".

AA est un cas particulier. Relancer ne sert quasiment à rien mais il faudra quand même le faire si ça a une chance d’écrémer. L’idéal est franchement de ne pas recevoir un AA4Kss à ce niveau…

Attention aussi aux situations de quartering. Le gars en face ne comprendra pas ce qui se passe les ¾ du temps. J’ai même essayé de le dire dans le chat, sans aucun effet.

Bref, un jeu plutôt serré même s’il ne faut pas non plus renoncer à certaines mains à potentiel. Vraiment un niveau délicat, entre besoin de préserver ses jetons et possibilité de gamble.Sans qu’aucune des deux voies ne soit, amha, plus importante que l’autre. Un équilibre à trouver. Mais la leçon du HE vaut aussi ici : mieux vaut perdre un minimum de chips, en gagner un peu n'aura pas une grande importance (en gagner beaucoup est bien sûr l'idéal).


Level III - Razz - 40/80 ante 8
Ce premier niveau de razz est très variable selon la table. Certaines tables vont vous permettre des profits énormes et d’autres, au contraire, seront extrêmement passives. Quoi qu’il en soit, c’est la variante de l’agression. Et la plupart joue atrocement mal.

Sur ce premier niveau, les occasions de vol seront rares. Et les mains, même relancées ou 3-bet, se jouent souvent à 3. Voire plus. A l'inverse, ça limp des monstres dans tous les sens de la même façon que si c'était 4K8. Ne jouez donc que les mains à trois baby. Relancez toujours vos 6 high et mieux si vous ouvrez -sauf si ça grouille de petits babys après vous. Relancez toujours si un joueur a payé avec un 8+. Et surelancez systématiquement vos 4 et 5 high. En fin de parole, avec seulement un low ou deux derrière dont un tight, ouvrez avec deux baby. En fin de parole, si quelqu’un a limpé avant vous une carte visible supérieure au 8, relancez même avec deux baby. S'il y a déjà 3 joueurs dans le pot, évitez de relancer quoi que ce soit.

Sur le tirage, tout va dépendre du nombre de joueurs en présence et de votre tirage. Mais, en général, vous serez en multiway et aurez bien du mal à vous situer par rapport à la meute. Ca me fait mal d'écrire ça pour du razz mais... essayez de jouer assez soft. Misez si vous avez un gros tirage et/ou la meilleure main de façon évidente. Je suis toujours surpris de voir avec quoi les joueurs peuvent payer. Hélas pour vous, face à 3 ou 4 adversaires, un 75 reste très fragile. Un 8 loin d'être favori. Prudence avec le bouton bet/raise, donc.

Contre seulement deux joueurs ou moins, bettez dès que vous tirez meilleur. Relancez si ça peut virer un tirage moyen (ne rêvez pas trop non plus). Bref, soyez forts. Mais sans abus. Ca paie tellement à ce niveau, beaucoup ne coucheront pas un 9 ou T, qu'il faudra montrer la meilleure main au showdown 90% du temps. Evitez donc de (trop, mais on est vite "trop" à ce level) bluffer ou d’agresser si vous n’êtes pas sûr de les battre. Et passez donc en mode CS quand vous avez rentré un tirage acceptable mais n’êtes pas le seul. Si vous aimez le razz en CG, vous n'allez pas vous régaler :(



Level IV - 7 Card Stud Limit - 50/100 ante 10
A mon avis le niveau le plus important de tout le début de tournoi. Une ou deux mains suffisent pour vous mettre short. Une main suffit parfois pour doubler et être tranquille pour une heure. Idéalement, vous devriez finir ce niveau à 3000 chips. Si vous tombez sous les 1500, vous êtes déjà en situation délicate (pas non plus de quoi paniquer mais il va déjà falloir adapter votre jeu). Et à environ 1000, vous êtes en mode survivor. Cela vient de la conjonction de plusieurs facteurs : d’abord le stud où ça bet et raise généreusement 5 fois de suite. Ensuite le manque de fold equity. Mais aussi le fait que les cinglés n’ont pas encore sauté, et sont même parfois gros, dans une variante qui semble avoir été inventé pour eux. Mais où un pas trop loin peut finir en désastre.

L’un dans l’autre, j’aurais tendance à dire que c’est ici qu’il faut prendre des risques. Bien sûr, si vous ne recevez pas de jeu, n’en inventez pas non plus (pas encore). Mais jouez vos mains, vos bonnes mains, le plus à fond possible (on n’est pas non plus des singes). Et poussez si nécessaire vos draws une carte de trop, même si c’est –ev. L’avantage gagné sera souvent décisif (mais couchez derrière si vous ne trouvez pas la carte exacte que vous recherchiez. Je le sais, je ne sais pas trop avoir cette discipline et ça me coûte). A l'inverse, n'hésitez pas à louper un bet en 6ème si vous avez des doutes. Tant pis pour la théorie du jeu, préserver votre tapis passe avant tout.



Level V - 7 Card Stud Hi/Lo - 60/120 ante 12
Le niveau le plus étrange à mon avis. Et où les risques de pertes sont bien plus élevés que les chances de gains puisqu’il faut investir parfois énormément pour une moitié fragile en espérant un sccop qui ne vient pas souvent. Mais si vous scoopez, à vous le jackpot. Je recommande donc la plus grande prudence. Plus tard, avec de la fold equity et des mises relativement plus impliquantes, ça changera mais, pour l’instant, soyez extrêmement prudents. Priorité aux mains à scoop (low donc). Les autres ne valent quasiment rien. Je vais tout de même jouer les grosses paires, mais le plus mollement possible. Pareil pour une paire de baby avec un as. Et très peu relancer, à l’exception de 3 baby contre uniquement des cartes hautes ou 3 baby suited (ou une bonne position et un pot non ouvert). Un peu comme en O8, j’essaie de trouver un bon multiway et de tirer le plus tranquillement possible en engraissant sur la masse.



Bilan de la 1ère rotation
Si vous suivez ces conseils, vous devriez terminer cette rotation avec un léger bénéfice. Quelque part aux environs de 2500. Ce premier tour est vraiment à considérer comme un tour de chauffe. Il n'y a aucun talent à avoir 95% du temps, tout est affaire de mieux tirer que ses adversaires. La fold equity est inexistante. Vous serez en plus en face de demeurés profonds. En CG, vous vous frotteriez les mains. Vous n'avez ici, hélas, qu'un stack très très limités qui peut fondre comme un sorbet cassis sous une lampe à U.V. J'ai tenté d'attaquer bille en tête dès le HE, c'est étonnant combien on peut perdre avant même de jouer sa première main de razz...



Level VI - Hold'em Limit - 150/300
Tout ce que j’ai dit du HE au niveau précédent est encore plus vrai. Selon votre tapis et celui des autres joueurs de la table, il devient toutefois possible de pousser un peu et de voler. Si vous avez un ou deux joueurs tight mal en point derrière vous, servez-vous. Mais, dans l’ensemble, jouez solide. En fin de niveau, si vous avez très peu joué, autorisez-vous un vol. Big : ultra tight. Short : passez en semi-LAG.



Level VII - Omaha Hi/Lo - 180/360
Si vous êtes short, ce niveau sera un cauchemard et je vous plains car vous allez devoir gambler pour vous refaire. Si vous avez monté un gros stack, jouez moins, en général. Et poussez un peu plus les mains que vous jouerez, vous aurez un peu de fold equity. A stack moyen, solution moyenne : vous devez tendre à gambler un peu. Mais sans pour autant vous mettre en situation délicate. En général, ça se traduit chez moi en jouant les AXs en fin de parole même si ce n’est que pour ½ pot.



Level VIII - Razz - 210/420 ante 42
Un niveau simple : vous avez du chips et poussez dur. Ou vous êtes short et devrez folder, folder et folder encore pour ne partir que bien armé. Quitte à ne ramasser que les ante. Volez si l'occasion se présente (encore rare en général). Il y aura souvent pas loin de 10% de votre stack à ramasser et toujours quelqu'un pour le faire. Vous pouvez aussi commencer à défendre si vous en avez les moyens. Si le relanceur est en fin de parole, il aura très souvent lui aussi une carte haute (évidemment, si le gars est serré comme un string, oubliez). Mais attention à ne pas vous embourber. Si ça tire correctement en face, inutile d'insister.



Level IX - 7 Card Stud - 240/480 ante 48
Volez !... intelligemment. Si vous pouvez voler (on pourrait la caser partout celle-là, lol)
Votre carte visible et celle affichée par chacun des joueurs derrière vous est tout ce qui importe. Là aussi, quelques contre-vol deviennent possibles. Je ne le conseillerais pas encore à poil mais avec une petite paire ou deux grosses supérieures au relanceur, un 3-bet sera le bienvenu s'il est possible qu'il vole (attention tout de même, tous les joueurs ne sont pas encore passés en mode vol).

Sur certaines tables, ce type de jeu aggro sera encore impossible car le jeu y sera bien trop loose. N'insistez pas dans ce cas et jouez tranquillement vos cartes. Plusieurs tournois m'ont montré que, dans ce cas, c'est généralement en Stud hilo qu'il y a ensuite moyen de faire du jeton.



Level X - 7 Card Stud Hi/Lo - 270/540 ante 54
Oubliez les vols, ça n’existe plus. Epreuve de tirage. Les blinds sont encore un poil trop faibles pour jouer le high en aggro. De plus, les joueurs sentent qu’ils arrivent en fin de second tour, ça ne rend pas agressif, bien au contraire (surtout qu’il reste encore 2 levels avant le break). Les grosses paires n’ont donc pas encore toute la valeur qu’elles méritent. Et les pots se jouent encore le plus souvent à 3 ou 4 avec encore pas mal de « multiway value » à aller chercher d’autant que tirer coûte rarement plus d’une mise par street (et rarement toutes les streets, ça s'observe beaucoup).

Pour autant, il faut tout de même être un peu sélectif, le HE arrive derrière… Et si vous avez un tapis correct, il faut néanmoins pousser ses paires. Avec un peu de chance, vous serez contre un shortstack ou ramasserez en 4/5ème un pot déjà bien juteux. Si, par contre, le low rentre en face, ou si ça joue multiway, le mode check-fold sera parfois la seule chose intelligente à faire (je ne dois pas être très intelligent lol).

A l'inverse, si vous êtes short (et allez donc devoir gambler en HE), tentez plutôt votre chance ici. Ca ne veut pas dire jouer des poubelles mais prendre un poil plus de risques que nécessaire.



Résumé de cette seconde rotation
Si le jeu commence à s'ouvrir un peu, cette rotation ne permet pas toujours de se laisser aller. Et les conseils que j'ai donné ici sont valables pour une table "moyenne". Or, dans la réalité, ce sera rarement le cas. Que vous soyez entouré de big stacks LAG ou de short gamblers, il va falloir ajuster en permanence votre plan de vol. Cette rotation est, à mon avis, la plus délicate de tout le tournoi. Quasiment chaque main jouée va vous obliger à revoir votre plan. Va vous faire risquer une bonne part de votre tapis. Face à une opposition pas encore totalement "tightisée". Le tout avec l'obligation de devoir monter en chips assez rapidement sous peine d'être complètement à la ramasse lors de la rotation suivante.



Level XI - Hold'em Limit - 400/800
Le niveau de la mort pour beaucoup de joueurs un peu short. Disons tous ceux qui n’ont pas au grand minimum triplé leur tapis. Beaucoup de joueurs poussent beaucoup à ce niveau. J’ai tendance à souvent faire l’inverse et jouer encore bien serré (et pas plus d'un vol sur le niveau). Trop de joueurs sentent tellement la pression des blinds, ou sont, ou se retrouvent, short après une main ou deux, que voler devient assez aléatoire. Beaucoup de contre-vols, souvent pour se mettre all-in, avec des mains plus ou moins… hum… qualitatives ? Mieux vaut éviter de s’embarquer dans des coups pour le moins hasardeux. On peut passer vite de large à short. Et le payer ensuite lourdement. A l'inverse, si vous êtes vous-même short... ben, va falloir y aller, quoi. gl



Level XII - Omaha Hi/Lo - 500/1000
Un des niveaux que je trouve le plus délicat. Sans doute ai-je tendance à jouer trop de mains. Et à payer des relances avec des mains trop faibles. C'est en général un niveau où je suis en négatif, j'éviterai donc de donner de quelconques conseils à part : faites pas comme moi. Pas bien ;)

Mais l'idée générale est la même que pour le HE. Big, profitez-en pour aller pisser. Short, c'est quasiment votre dernière chance de revenir dans la course.




Level XIII - Razz- 600/1200 ante 120
Moins d'adversaires, moins de tirages forcenés... ce niveau marque le point où la fold equity prend le dessus. Augmentez donc votre agressivité en conséquence : plus de vols, bien sûr; mais aussi plus de bet/raise lors des streets suivantes. Si vous tirez aussi mal que votre adversaire, ou presque, misez tout de même (ce qui, lors des deux premières rotations, tenait du suicide). Le plus petit avantage mérite désormais d'être valorisé.



Level XIV - 7 Card Stud - 700/1400 ante 140
La première main de ce niveau est souvent la plus amusante : on en est à la troisième rotation et il y a toujours un joueur pour se louper et se croire encore en razz. Attention donc aux mains à tirages (les relances vont pleuvoir) mais gavez-vous si vous avez une bonne main. La suite est plus simple puisque, comme en razz, la fold equity fait son apparition. Profitez-en, la plupart des joueurs seront encore en train de jouer leur main.



Level XV - Stud hilo - 800/1600 ante 160
Le seul niveau qui échappe encore à la fold equity. Mais la montée des blinds fait tout de même son effet : moins de joueurs dans chaque pot, plus de fold 4ème et 5ème. S'il devient donc possible de jouer un poil plus aggressivement, c'est tout de même avec plus de prudence que lors des deux derniers niveaux. Pas mal de passivité sur la 6ème permet encore de tirer à pas trop cher en moyenne.



Bilan de la troisième rotation
L'apparition de la fold equity devrait vous permettre de maintenir facilement votre stack à niveau et de financer/rentabiliser quelques mains "à risque". Le rôle de la gestion de "l'effort" selon la variante devient crucial, en évitant les mauvais gambles (selon votre stack), et les très bons. Quasiment tout va se jouer en général sur une main qui doit vous permettre de passer dans le club "big stacks", il est donc important de bien choisir le moment en slalomant entre les shortstacks prêts à tenter le tout pour le tout.



Et la suite ?
Si vous terminez la troisième rotation avec un gros stack, il va rester à vous laisser porter jusqu'aux places payées et la TF. Evitez de gambler dans les jeux à split. Et tentez de pousser votre avantage en Razz/Stud. Ca devrait bien se passer. Si, à l'inverse, vous finissez short, votre sort devrait se jouer dès les deux niveaux suivants puis, si vous survivez jusque là, sur votre première bonne main de razz. Pas de panique, toutefois, il m'est arrivé de rester très longtemps en jeu à me faire bouffer par les ante avant de remonter. Néanmoins, vous devriez profiter du Hold'em autant que possible. Et tant pis si ça casse (mais sans être débile pour autant, il faut être bien plus patient en limit he qu'en NL, la survie d'un shortstack y est autrement plus complexe)


Voili, voila, ce sera tout ce kipik pour aujourd'hui. En vous souhaitant bonne chance dans vos essais en HORSE, on se retrouve ce week-end à l'ACF ;)

Ceci est un message d'auto-satisfaction

eh ! J'ai bien le droit, non ?
C'est mon blog bon sang !

Alors, voila, je parlais HORSE... eh ben! c'est fait :)

Une petite victoire dans le $30 HORSE de cette nuit (184 joueurs, $1656 pour papa) après 4:43 de jeu et une finale qui aura duré 4 variantes. Pas facile le heads-up en HORSE. Parti à 2:1, refait mon retard dans le HE, pris un peu d'avance dans le O8 (terrible le O8 en hu), passé largement (4:1) leader en Razz et mise à mort en stud. L'agressivité a payé. Je vous en parlerai, bien sûr (promesse de kipik, vous devez commencer à savoir ce que ça veut dire lol )

Voila, c'est tout ce kipik pour l'instant, il est 11h, parfait pour pouvoir enfin dormir...

PS pour Thierry : Stéphane m'a téléphoné et j'ai fait comme il a dit, j'ai mis le colis de côté, à droite de la porte, je peux pas le louper ;)

Y a-t-il un poker de droite ? Un poker de gauche ? Et Bayrou, c'est un fish ?

Quoi de neuf depuis mon retour ?

Eh ben... je souffre. Ca peut sembler contradictoire avec quelques résultats que j'annoncerai plus loin... mais je souffre. Chaque fois que je retrouve mon PC après un séjour à l'ACF, c'est le même cirque : mon jeu s'est complètement déréglé et pas moyen de le remettre en ordre. Je suis ultra loose. J'attaque tous les flops. Je bluff comme un âne. C'est une horreur. Ca marche peut-être en live où tout le monde (ou presque) n'a qu'une envie : gambler. Mais online, où même le pire loose ressemble à une vieille serrure de l'ACF (ok, j'exagère mais...), ben... ça chie. Et autant le dire : mes résultats en NL de cette semaine ne sentent pas bon. Genre un bon zéro pointé (à l'exception d'une bien moyenne 35ème place dans un $10 NL).

Je joue mal, c'est un drame. Dès qu'un gars bouge, c'est sûr, je le mets sur un move. Je vois un 73s et mes mains tremblent à l'envie de relancer à 8BB. Il boîte river sur un troisième pique ? Ah ah ah! On ne me la fait pas jeune homme! Je paie, moi!

Quatre jours à l'ACF, ça vous tue le cerveau. On ne fonctionne plus avec le même hémisphère. J'ai beau chercher, je ne retrouve plus l'ancien. Autant celui-ci est amusant (alors que l'autre est d'un chiant!), autant je n'ai aucune envie de me marrer en mettant à jour mes résultats de la semaine...

C'en est à un point, je viens même à l'instant de perdre un heads-up contre un pinpin de première : un ITM de sa vie (et pas un gros), un style immonde, un jeu totalement transparent. Mais perdu quand même. T'es fort, là, hein ? OK, voyons voir si tu résistes à la pression... Ah ouais, tu résistes bien...

Bon, pas de panique, je sais que les "vieux" (lol, on dirait que je joue depuis 20 ans) réflexes finiront par revenir; mes flops vus en tournoi redescendre des 45%; et que, au final, ce petit supplément de "joue l'homme pas les cartes" sera un plus pour mon jeu. Mais ça fait tout de même bizarre...


En attendant, je me suis rabattu sur les tournois de HORSE. Avec la nouvelle structure mise en place par pokerstars, je ne saurais trop vous inviter à venir m'y rejoindre, je vais probablement y passer pas mal de temps dans les jours à venir. C'est vraiment un format très agréable à jouer, avec beaucoup de technique, pas mal de bluff, d'action et énormément de rebombissements. Il y a encore pas mal de trucs que je maîtrise mal (ou pas du tout) et chaque tournoi est l'occasion de nombreuses découvertes. Mais, du haut de mon immense expérience (deux TF hier + une petite 11ème place pas chanceuse), voici quelques conseils :

  • chaque jeu possède sa propre philosophie. Son rythme. Il est crucial de pouvoir en faire autant. De s'adapter le plus vite possible

  • avec la quantité de chips que représentent les ante et le bring-in, les variantes stud/razz demandent qu'on vole énormément. Oubliez votre main et volez. Si ça résiste, chattez ;) (par contre, évitez de voler lors des premiers niveaux, ça joue bien trop les calling stations sous prétextes que les mises sont encore basses)

  • le hold'em a une place bien à part. C'est cette variante qui subit à chaque rotation la montée de blinds la plus violente. Du coup, c'est un peu le cimetière des éléphants pour tous ceux qui se sont laissés aller dans les studs parce que c'est pas cher d'aller voir les quatrième et cinquième. On se fait grignotter ses chips plus vite qu'on ne croit et on se retrouve shortstack en HE avec des blinds qui semblent monstrueuses. Anticipez un peu et évitez de gambler en Stud hilo (si vous pouvez) pour arriver avec le maximum de stack en HE où il faudra être aggro. Très aggro.

  • autre variante à part, le O8. Ma stratégie est donc de gambler un minimum en stud 8 pour arriver encore frais en HE. Puis de survivre au HE (si possible avec un peu de chips en plus) pour gambler en O8. Cherchez les multiway avec les mains à potentiel. Ne relancez qu'avec des mains moins conviviales et si vous pensez avoir de la fold equity (pas souvent le cas en O8). Jouez ensuite aussi soft que possible en pensant avant tout à faire grossir le pot. Si vous avez la chance de scooper (gagner le haut ET le bas), tant mieux. Dans l'absolu, ce sera assez rare, cherchez à gagner le maximum pour votre moitié. Ca voudra souvent dire éviter de relancer pour favoriser le nombre de payeurs. Et, bien sûr, ne payez pas perdant. Les "second nuts", c'est souvent juste de la merde mieux emballée.


En résumé :

Jouez prudemment en HE. Agressivement, mais prudemment.

Cherchez le volume en O8. Selon votre tapis, jouez aussi loose que possible avec un minimum d'agressivité (pas passif, hein. Mais si le pot est ouvert avant vous, il y aura rarement intérêt à relancer (le mot clé est "rarement"... parfois, il faudra bien inverser la vapeur).

Attaquez à outrance en Razz. C'est la variante la moins bien maîtrisée en général. Avec une bonne lecture du jeu, il y a énormément de petits profits marginaux à multiplier. Volez chaque fois que possible. Et faites attention aux idiots qui slowplayent leurs bonnes mains (limp 3ème, pas forcément de bet quand leur tirage rentre). Ces joueurs sont généralement ceux que vous souhaitez le plus voir sortir, inutile de les engraisser (et, non, faire comme eux serait une erreur. Ils sont juste chiants)

Continuez à voler en stud mais jouez serré-agressif (bon, ok, c'est la variante que je maîtrise le moins. Si ce n'est pas votre cas, je présume qu'un jeu loose peut donner d'excellents résultats. Mais apprenez-moi, alors!)

Prudence extrême en stud hilo. on se retrouve très vite à avoir un bout de main avec un ou des tirages, le plus souvent longs mais... une fois une ou deux street payées, bonne chance pour faire marche arrière. Le stud hilo, c'est comme les sables mouvants. On rentre avec A2Q bicolore parce que ça a du potentiel, on trouve une carte de sa couleur, un low, une paire et, là, c'est le drame! On se retrouve à payer des mises énormes, voir une relance, pour une chance de gagner un demi pot... Ennui supplémentaire : lors des 2 ou 3 premières rotations, c'est aussi le paradis de la loose. Si vous avez KKT, bonne chance pour espérer faire coucher qui que ce soit. Quand les blinds montent, poussez vos mains faites et gamblez un peu sur vos mains à scoop, ça devient enfin jouable...


Voila. C'est pas grand chose et ça ne fera pas de vous un champion de mon calibre (lol). Mais ça devrait vous aider, j'espère, à mieux comprendre la petite mécanique du système. Vous conduisez une 5 vitesses, apprenez à vous en servir.


Pour le fun, un petit picoti picota amusant (mais ne le sont-ils pas tous ?) en bonus :


PokerStars Game #7082011653: Tournament #36183211, $20+$2 Hold'em No Limit
Level I (10/20) - 2006/11/18 - 23:00:18 (ET)
Table '36183211 1' 9-max Seat #6 is the button
Seat 1: ExtinguisH (1400 in chips)
Seat 3: Abellyus (2990 in chips)
Seat 5: schwertner2 (3340 in chips)
Seat 6: bdubs3737 (3860 in chips)
Seat 7: allencork (1480 in chips)
Seat 8: TxRaider3 (710 in chips) S
eat 9: six_eight64 (1000 in chips)
allencork: posts small blind 10
TxRaider3: posts big blind 20

*** HOLE CARDS ***
Dealt to Abellyus [Th Jh]

1 fold
ExtinguisH: calls 20
Abellyus: raises 40 to 60
3 fold
TxRaider3: calls 40
ExtinguisH: calls 40

*** FLOP *** [Ts Tc Td]
TxRaider3: checks
ExtinguisH: checks
Abellyus: checks

*** TURN *** [Ts Tc Td] [7c]
TxRaider3: checks
ExtinguisH: bets 60
Abellyus: calls 60
TxRaider3: calls 60

*** RIVER *** [Ts Tc Td 7c] [9c]
TxRaider3: checks
ExtinguisH: bets 100
Abellyus: raises 1100 to 1200
feignons le débile qui vient de trouver sa flush...

TxRaider3: calls 590 and is all-in
ExtinguisH: folds

*** SHOW DOWN ***
Abellyus: shows [Th Jh] (four of a kind, Tens)
TxRaider3: shows [Jc 9d] (a full house, Tens full of Nines)
Abellyus collected 1650 from pot


et ce sera tout ce kipik pour aujourd'hui.

de retour au bercail

De retour à Nantes, il me reste à savoir comment écrire un peu sur ce séjour à l'ACF. Commenter du poker live n'a rien de facile. Données incomplètes, rôle des reads (quanti et quali) bien plus important, image primordiale... difficile de prendre une main par ci par là et d'analyser son jeu en s'appuyant sur un +ev de quelques points.

Commençons par quelques simplicités :

jeudi
soirée dans le pub d'un pote. Quelques pintes, du saucisson, quasiment le bonheur. Après ça, gros doute : je vais jouer ou je suis raisonnable et me repose pour le lendemain ? Finalement, j'ai beau être épuisé, l'envie est la plus forte. Et la bière sans effet notable, elle aiderait plutôt, au contraire, à faire passer le stress que je ressens à chaque nouveau séjour à l'ACF. Session sans histoire, de jolis pots, je me paie surtout en callant quelques bluffs trop appuyés et sur une main amusante, assez typique de ce qu'on peut trouver en cercle :


9 joueurs, blinds 2/2 (nombres sous réserve)
utg+1 relance (relance ACF classique) - utg+2 boîte (shortstack)
un joueur en MP paie (pas une grosse main probablement)

je suis au bouton avec JJ et hésite un peu. Le reraise est l'option
naturelle mais utg+1 a été plutôt tight jusque là et je préfère le tester. Les
blinds n'ont pas l'air de vouloir jouer, je décide de slowplayer ma paire.
utg+1 call

4 joueurs dont un à tapis. Flop : KK4, tirage trêfle

utg+1 bet 30, le joueur en MP fold et je paie histoire de voir ce que
donne le turn

Turn : un trêfle, utg+1 check et j'envoie 50 qu'il paie avec
réticence

River : doublette du 4, utg+1 check (nice!), j'envoie 60, il réfléchit puis paie
encore avec sa pp6 et je gagne même l'intérieur avec mes jacks... à la surprise de tout le monde, dealer compris.


Une bonne première session, que je termine à +400 avant d'aller prendre un long, très long, "petit-déjeuner" avec quelques croupiers et romaintique que je ne connaissais pas.


Vendredi
réveil douloureux après trop peu de sommeil. Mal de tête, pas la forme... mais j'y vais quand même. Et je vais vivre une nuit de cauchemar. Je trouve pourtant une table de rêve, composée uniquement de joueurs weak à mort à l'exception d'un Loose Aggro dont le jeu me plait beaucoup. Je ne vais hélas pas pouvoir en profiter. Quasiment tous mes bons flops se font outdraw, le LAG aura longtemps la position sur moi et ne cessera pas de toucher alors qu'il paie tout rubis sur l'ongle. Mon jeu s'est aussi terriblement déréglé. Bref... je me suis complètement cagoulé. Et je finis à -600... quand je décide enfin, vers 5h du mat', de faire un break. Qui sera définitif; heureusement que j'ai oublié ma carte Neteller chez mon "hébergeur"...


Samedi.
J'ai bien dormi, cette fois. Après une visite avec un pote au Cercle Concorde que je trouve tellement détestable que je n'y joue finalement pas, retour à l'ACF pour découvrir une liste d'attente... désespérante. Je suis à deux doigts de me casser à Wagram mais choisis de m'inscrire et d'en profiter pour aller manger puis me détendre un peu au bar. Une fois. Deux fois. Trois fois. Cette satanée liste semble n'avoir jamais de fin. Les joies de l'ACF un samedi soir...

Ma première table sera très agréable. J'ai avant moi trois potes venus se faire un we poker à l'ACF. Ca attaque sévère mais on y lit comme dans un livre ouvert. De l'autre côté de la table, des joueurs plutôt serrés, genre habitués attachés à l'éthique du poker. Donc, tranquille. Le jeu est assez fluide. Pas trop de souvenirs notables (un tirage flush attaqué au flop, checké quand ça rentre au turn contre un des "potes" puis check-raisé river), je finis à +200 sans trop d'efforts.

Hélas, la table casse rapidement et je me retrouve déplacé sur une table qu'un vieux gros avec un stack énorme est en train de martyriser en jouant la masse à la perfection tout en feignant de ne rien savoir ("je peux raiser là ?"). Tout le monde semble abattu et j'en profite pour jouer d'emblée le redresseur de tort :

- je ne crois pas à son inexpérience et l'annonce
- je sais qu'il joue la masse comme les vieux roublards qui jouaient déjà quand je n'étais pas né et l'annonce aussi
- je le bluff sur ma première main jouée et le montre

L'effet escompté se produit : la table commence à collaborer, checkant bien plus que ça ne bet quand il n'est pas dans le coup. Et même à s'énerver de son petit jeu de l'idiot qui ne marche plus, l'obligeant à changer son style de jeu (c'est beau un soi-disant débutant qui s'adapte en deux ou trois mains...). Petit à petit son stack s'émiette tandis que le mien grossit en jouant les flops très agressivement. Et je finis par lui porter le premier gros coup dur sur un joli chattage :


petite relance (pour l'ACF, on est sur du 3BB) et je suis avec pp4.
Il complète du SB et on se retrouve à 5-6

Flop 255, il pot et je suis le seul à payer

Turn 4 (mwahaha), il check et j'en fais autant

River ?, il pot et je raise all-in qu'il paie avec... AA
joli slowplay ;)


Il finira par laisser l'essentiel de ses jetons avant de repartir un peu plus humble qu'en arrivant. +150 pour moi et une nouvelle table à tester qui, hélas, ne tiendra pas longtemps et me coûtera 50 sans que rien ne se passe. Il est alors 5h du mat, j'hésite entre rentrer et pousser encore. Je suis incapable de décrocher et démarre donc une nouvelle table en pensant ne pas y rester trop longtemps tout de même. C'était sans compter sur l'ACF qui update le badbeat jackpot à 20.000€... Je décide de ne pas quitter la table tant qu'il n'est pas tombé !

Je ferai tout de même un break à midi pour grignotter... une partie de mes 300 de gain après avoir allumé le dernier des "trois potes" de la veille (brelan de 5 au flop où je call son attaque, carré au turn que je bet gros comme pour arracher... et il me check-raise river avec Ace high lol). Puis retrouve ma place à la table, monte un gros tapis mais perd en peu de temps deux gros coups à quasiment 200€ chacun (TT vs KQo d'un débile profond qui va trouver une runner runner flush -mais je finirai par me refaire dessus- puis AA vs 99, all-in au flop et 9 river qui fait mal) et ne la quitterai qu'à 22h30 avec cette fois 800 de gain après une main qui aura tétanisé la table :

AJ, je raise en late à 16 (le tarif normal) après les habituels limpers

Flop AJ7 (deux coeurs), le joueur à ma droite bet

ça fait des heures que j'essaie d'attraper ce type qui ne sait pas coucher
un as et s'est monté un joli tapis en payant des pot flop et turn sur un tirage
"as". Je relance donc assez légèrement pour le piéger mais mange un inattendu
reraise d'un jeune américain au BB... payé par mon ami des as.

Un peu d'hésitation, je sens le BB plutôt mal à l'aise et pousse le tapis.
Payé et payé. L'américain est aux fraises dès le flop, mon ami aux as est cette
fois sur une bien meilleure main que prévu avec tirage quinte et flush.

Mais, comme dans les films, le gentil gagne à la fin et se retrouve avec un stack de 1000€ qui paralyse complètement la table. Je reste bien deux tours de plus qui ne m'apporteront rien. Tant pis pour le badbeat :(

Un repas de plus à l'ACF et la fatigue commence enfin à se faire sentir après 27h de poker et de double café + bouteille d'eau. Je traîne encore un petit quart d'heure, à me demander si j'y retourne, chercher ce foutu badbeat... ou pas. Pour la première fois du week-end, la raison l'emporte .


Bilan : 1200€ de gain. Un résultat dans la partie basse de l'objectif que je m'étais fixé. Et moins bon que le passage de septembre. La faute en incombe essentiellement à cette soirée de vendredi dont je ne suis pas fier. Pas su gérer mon sommeil. Pas su ne pas jouer. Pas su faire le break qui s'imposait. Pas su m'adapter. Pas su m'arrêter. La leçon était un peu cher mais très instructive.

Pour autant, j'en suis à environ 70h jouées en NL 30-200 pour +2800€. Bien trop peu pour faire des stats, bien sûr, mais, néanmoins, la tendance est nettement satisfaisante. Même si, j'en suis bien conscient, elle est largement améliorable, mon jeu souffre encore de quelques défauts (que j'ai noté, il y en a donc certainement d'autres que j'ignore).


Quelques indications sur mon "style" par rapport au online
et conseils qu'on m'a demandés :


On ne me croit pas. Jamais. Et d'autant moins que j'envoie du lourd. J'utilise donc beaucoup ce manque de crédibilité à mon avantage (mais ce n'est certainement pas propre à moi, la majorité des joueurs ne doit pas croire la plupart de leurs adversaires). Et j'ai bati un jeu autour qui ressemble à du lowball (multiplie les petits pots) avec de brusques accélérations. Je ne sais pas trop comment mieux le décrire. Je pédale, pédale, pédale pendant un temps interminable et passe d'un coup en mode turbo pour un pot énorme qui fera l'essentiel de mes bénefs.
Si mon jeu reste aussi loose en live qu'online, je suis toutefois moins agressif. Trop de joueurs dans chaque pot, trop de shortstacks infoldables, trop de calling stations. A l'inverse, étant donné que ça attaque beaucoup trop en général, il est bien plus rentable d'aller à la pêche au bluff. Ca ne veut pas dire pas agressif. Loin de là. Mais une agression bien plus "sélective", d'autant qu'il est possible en live de s'appuyer sur ses reads pour choisir qui, quand et comment.


Il se trouvera toujours un ou deux joueurs à la table pour vous reprocher de n'avoir pas tenté d'arracher le pot une troisième fois à la river. Laissez-les dire si vous savez que votre adversaire a deux paires (qu'il ne couchera donc jamais) ou qu'il vous met sur un tirage couleur qui n'est pas rentré (idem). Concentrez-vous sur les quelques "weaks" qui se couchent au flop ou à la turn. Ou sur des adversaires qui jouent "straight" en les payant régulièrement au flop, même sans rien, à la recherche d'un signe de faiblesse au turn. Avantage : ce n'est pas vous qu'on mettra sur un bluff. Autres bonnes cibles, mais plus dangereuses : les vieux gamblers, habitués à envoyer lourd. Ceux-là ne sont pas dupes et savent reconnaître la différence entre un déglingo et un loose qui joue en fait les implieds sur un jeu solide. Ils me respectent en général quand je suis dans un coup (et quand ils ne le font pas, c'est presque à chaque fois qu'ils ont du très lourd en main), il est donc possible d'en profiter un peu.

Pour accentuer ça, je montre régulièrement un bluff complet alors que je bluff très peu (mais semi-bluff pas mal, évidemment) : un 7 high, un Ks5s alors que le board est à coeur et que vous n'avez pas une paire, etc etc etc. Pas besoin d'en faire/montrer des masses : juste quand je commence à remarquer qu'on ne paie plus mes grosses mains. Penser aussi à slowplayer quelques grosses mains. En particulier celles qui, autrement, ne paieront probablement pas. Les joueurs notent le bluff absolu/le slowplay de bonne main. Ils ne réfléchiront jamais à pourquoi vous l'avez joué ainsi.

On lit partout qu'il faut mixer son jeu. Je ne vais, bien évidemment, pas dire le contraire. Mais c'est un exercice dans lequel les adversaires font l'essentiel du boulot. Je montre beaucoup de mains non nécessaires. Je discute pas mal à la table. Je plaisante avec les joueurs et les croupiers. J'essaie d'être sympathique. Puis j'en profite pour conseiller discrètement un fold. Comme une faveur que je fais à un adversaire. D'autres, au contraire, me prennent instantanément en grippe. Non seulement tout cela permet de passer le temps, mais ça aide surtout à mieux deviner leurs pensées lors d'un coup. Et, donc, leurs mains.

Les joueurs des tables à 30€ ne sont pas des pros du high stakes. Il est donc assez facile de les lire. Mais je n'en suis pas non plus. Et tout ce qui peut m'aider à savoir dans quel sens chercher est le bienvenu. Je me fixe en général deux ou trois joueurs cibles dont je sais que je vais leur prendre leur tapis tôt ou tard :
  • jeudi, un gars qui bet gros quand il arrache et raisonnablement quand il veut être payé. Transparent.
  • vendredi, le LAG que je piège plusieurs fois, mais le hasard est de son côté, et un tight weak à ma droite mais je n'ai jamais aucune occasion de le prendre
  • samedi, un joueur trop offensif, trop gambler. Puis le vieux joueur de masse qui fait son débutant.
  • dimanche, un gars qui me paie jusqu'au bout avec 3ème paire au flop. Tout fier d'avoir eu mon bluff. Il me doublera deux fois ensuite. Puis le gambler au KQ sur un rush de folie (tout surpris quand ça s'arrête). Et, enfin, l'amoureux des as.
Non pas que je ne joue pas les autres joueurs. Mais je les joue plus "normalement", en partant du principe que, sauf accident, on finira probablement à égalité. Bref : chercher le pigeon et le tondre (si, si, c'est possible).


Voila. Ce ne sont pas des conseils très originaux. Mais ce sont ceux qui me viennent à l'esprit et me semblent le plus important. Les tables à 30-200€ sont assez faciles. Ca y joue bien plus mal qu'online (même en descendant d'une ou deux limites) alors qu'on dispose en plus de bien plus d'information sur ses adversaires. Et d'informations bien plus fiables.

C'est tout ce kipik pour aujourd'hui.
Reste à gérer le retour online qui me fait à chaque fois très mal...

C'est ma faute

je parlais du CR du Deepstack limit dans mon dernier post. Suite à un crash du PC (en plein tournoi, foutu en l'air du coup alors qu'on approchait des places bien payées), le texte que je tapais directement online est passé à la trappe. Et, franchement, j'ai pas trop le courage de reprendre l'exploration de ces centaines de mains. Dommage, il y en avait quelques très belles. C'est de ma faute, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive :(

Du coup, pas grand chose à dire aujourd'hui. Et vous n'aurez pas d'autre news avant au moins mardi puisque je serai à Paris pour un week-end live. Si vous passez à l'ACF ou à Wagram, on aura probablement l'occasion de se rencontrer autour d'une 200 ;)

Niveau online, j'enchaîne les tournois à gros départs qui ne paient pas. Ou bien mal. Pas grave, dès que je saurai éviter les badbeats improbables (je perd systématiquement l'essentiel de mon stack sur des 3-4 outers), je me gaverai ;)

En attendant, j'épluche les récents tournois et je tente de mettre ça en forme pour montrer un peu les récentes évolutions de mon jeu. Si vous lisez ce blog depuis un moment, vous devriez apprécier le changement. Si vous ne le voyez pas... ma foi, peut-être que je me fais des idées. Et que j'utilisais déjà les mêmes move sans m'en rendre compte. Ou pour d'autres raisons. Mais, dans l'action, je sens clairement la différence.

Je fais le maximum pour que ce soit en ligne avant mon départ demain midi mais je ne garantis rien.

c'est tout ce kipik... pour l'instant peut-être

C'est pas ma faute !

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.

J'étais chaud bouillant en octobre, avec plein de textes commencés ou en projet. Et bim! Suite à un malentendu avec Alice (le FAI), je me suis retrouvé sans Internet pendant 15 jours. Une bonne cata alors que j'avais décidé de consacrer ce mois à faire du CG.. et que ça commençait très moyennement. Heureusement qu'une perf moyenne sur un des rares tournois joués en début de mois limite un peu la casse, je m'en sors tout juste financièrement. Mais c'est pas passé loin...

Pas de quoi s'appitoyer non plus. TC'est le jeu, ma pov' Lucette. Tout semble rentré dans l'ordre même si j'ai été contraint de me rabattre sur France Telecom. Et ces 15 jours de chomage technique m'auront permis de faire mille petites choses que je n'aurais jamais fait autrement. A commencer par lire, écrire, sortir un peu mon maigre cul, rattrapper des semaines de films en retard (jouer au poker se marie très bien avec du matage de séries mais pas trop bien avec les films, allez comprendre...)... mais aussi pour réfléchir un petit peu au Poker, à mon jeu, tout ça. C'est que le poker n'est pas différent de tout le reste : les hand history s'accumulent, s'accumulent... et finissent par représenter un volume bien trop important pour oser ne serait-ce qu'y mettre le nez. A force de jouer, trouver une main intéressante devient nettement plus complexe que de trouver une aiguille dans une botte +de foin (si on est fumeur, en tout cas).

Et, comme à chaque "pause", il est étonnant de constater le nombre de toutes ces petites choses qu'on (enfin, que je; ce n'est pas forcément votre cas) laisse passer sans même y prêter attention. Et, comme à chaque reprise, j'ai cette sensation encore plus surprenante que les effets de cette réflexion se font immédiatement sentir.

Prenons le cas de cette reprise :

J'ai joué 4 tournois (le 5ème, $10 Deep NL en ce moment - mais celui-là cassera les "stats", rien ne marche, rien ne hit, rien ne tient). Les 4 ITM. Une table finale (le $20 Deep Limit, mon chouchou). En ayant eu, dans les quatre, le chiplead à un moment ou un autre (entre le milieu et la fin, je ne regarde de toute façon jamais les chiffres en début de tournoi) -perdu, dans les quatre cas, sur un bad setup inévitable ou un outdraw, rien à se reprocher... ou presque. Et j'ai passé dans les quatre au moins une heure dans le top 9.

On change les chiffres : lisez 4 des 5 puisque je suis out à l'instant du Deep NL.

Reste encore à transformer ces bonnes stats en espèces. Ce qui n'est pas encore le cas. Et à vous en faire profiter (pas des espèces, hein). Ca devrait donner quelques textes intéressants. Pour l'instant, je bosse sur un CR du dernier Deepstack Limit. Ca devrait être online demain.

Et c'est tout ce kipik pour aujourd'hui.

Related Posts with Thumbnails