Jésus peut se rhabiller avec ses pains et sa vinasse

avant de commencer ce message, j'aimerais vous inviter à lire un post de mike maroon sur son blog : http://www.thepokerchronicles.com/archives/000918.html

Même si c'est à un degré moindre, et que je suis loin d'avoir le niveau et l'expérience du monsieur, le "malaise" qu'il décrit correspond beaucoup à ce que j'ai vécu en début d'année. Je pense en être sorti essentiellement car, à sa différence, il me reste encore beaucoup à faire dans le poker (euh... tout ? lol). Mais cela améne beaucoup d'interrogations quant à l'avenir. Jouer au poker, et en vivre, est quelque chose de merveilleux. Mais c'est aussi une activité usante, sans pitié et terriblement solitaire... même quand on joue en live. Difficile de se projeter dans l'avenir quand demain est déjà si dépendant de ses résultats du jour. Vous gagnez un tournoi, vous êtes le roi du monde. Vous sortez lessivé d'une nuit de cash game, vous êtes pire qu'une merde.

Cela m'est peut-être plus propre qu'à d'autres. Je n'ai jamais été du genre super stable. Et ai toujours eu encore plus de mal à planifier l'avenir. Probablement une des raisons pour lesquelles je me sens si à l'aise à tenter de gagner ma vie avec ce jeu stupide qui peut récompenser des heures durant le plus mauvais des participants. Cette incertitude de l'instant dans une globalité parfaitement prévisible me correspond totalement. Pour autant, ça n'en est pas moins parfois difficile, sinon impossible, à supporter quand tout semble se liguer contre vous.

Et c'est encore pire quand vous en dépendez financièrement. Je joue ainsi de temps en temps avec un groupe de vieux potes. Petites caves, petits (ou pas) verres mais grand plaisir. Mais j'ai de plus en plus de mal à me convaincre de jouer chaque jour (enfin, presque) les heures de cash game nécessaires. Je ressens bien moins de "lassitude" quand il s'agit d'enchaîner les tournois. Hélas, la variance est trop forte vu que je suis en "reconstruction". Et mon jeu de tournoi pas au mieux, ce qui est logique puisque la contrainte financière est forte.

Bref, tout cela n'était pas pour parler de moi. Mais pour surenchérir sur la mise en garde de matt maroon. En réel, par email, msn ou via des forums, je croise de plus en plus de personnes tentées par l'aventure. Vivons heureux, vivons du jeu! un bien joli rêve. La réalité est bien différente. Oh! ne croyez pas que je regrette. Je suis très heureux d'avoir fait ce choix. Il n'en reste pas moins qu'il était débile.


Sur le plan de l'actualité, j'ai encore repoussé mon passage définitif au HE 2/4. Après un second week-end catastrophique à tenter en vain de gagner un ticket pour le Sunday $215 (ou comment dépenser quasiment un buy-in pour ne pas jouer...), j'ai pris la décision de réussir à jouer en six tables simultanées. Jusqu'ici, je saturais à quatre. Le passage à six me sera indispensable à l'avenir pour que mes gains en CG constituent une base solide. Avoir tant mis l'accent sur les tournois en fin d'année était une erreur. Il m'aura juste fallu une bonne claque pour le réaliser. Autant ne pas recommencer...

Eh bien... ça se passe très bien. Evidemment, une seule semaine est un peu court pour juger. Mais j'ai finalement réussi à prendre le rythme sans trop de soucis. Mieux, même, mes gains par table ont progressé. Ca me contraint à jouer un poil moins loose. Ce qui n'est visiblement pas plus mal. Notamment en laissant tomber certaines mains/situations marginales, probablement perdantes en 1/2. Ou en limitant les loose calls que j'avais un peu tendance à surestimer.

Seule ombre au tableau : si je tenais 2-3 heures sur quatre tables, je sature à 1h30 sur six. Le problème se résoudra probablement avec l'expérience. La 2/4 attendra donc encore un peu, il faut d'abord que je sois parfaitement à l'aise en 6-tabling.


A part ça, rien en tournois. Un petit ITM par-ci. Une bulle par là. Et trois fois plus de sorties sur des moves pas géniaux. J'ai un ROI% (retour sur investissement, le rapport entre les gains et les coûts) de 9 ce mois-ci, c'est certes mieux que les deux mois passés, mais autant ouverir un PEL...


Allez, une petite main pour finir :

$10+$1 Hold'em No Limit - Level I (10/20)
Seat #3 is the button
Seat 1: bennycac3 (3200 in chips)
Seat 2: englishbloke (2850 in chips)
Seat 3: DeucesNTrace (2960 in chips)
Seat 4: JJ33 (3370 in chips)
Seat 5: Abellyus (2930 in chips)
Seat 6: rockytopkid (3220 in chips)
Seat 7: Poker-sun99 (2720 in chips)
Seat 8: TheRevival07 (2740 in chips)
Seat 9: jmclabaule (3010 in chips)
JJ33: posts small blind 10
Abellyus: posts big blind 20

*** HOLE CARDS ***
Dealt to Abellyus [As Ac]

rockytopkid: calls 20
4 fold
englishbloke: calls 20
1 folds
JJ33: calls 10
Abellyus: raises 200 to 220

rockytopkid: calls 200
englishbloke: folds
JJ33: folds

*** FLOP *** [Jh 3s 7s]
Abellyus: bets 280
rockytopkid: raises 440 to 720
Abellyus: raises 1990 to 2710 and is all-in
rockytopkid: calls 1990

*** TURN *** [Jh 3s 7s] [6s]
*** RIVER *** [Jh 3s 7s 6s] [3c]

*** SHOW DOWN ***
Abellyus: shows [As Ac] (two pair, Aces and Threes)
rockytopkid: shows [8d 8c] (two pair, Eights and Threes)
Abellyus collected 5900 from pot


Un pattern qui marche à merveille sur les tournois à petit buy-in (jusqu'en $20, au moins. Devrait aussi marcher sur le Sunday Million) :
  • Préflop, ça limp dans tous les sens. La plupart sont des joueurs trop loose et plutôt agressifs. Trouver les As est une bénédiction mais, ma position au BB est dramatique. Il faut donc écrémer avec un raise disproportionné. Le dosage n'est jamais évident : trop haut, personne ne paiera. Trop bas, il ne chassera personne. J'aime bien envoyer autour de 10BB, et 11BB est mon préféré vu qu'il donne vraiment l'impression qu'on ne souhaite pas jouer cette main (AK ou petite paire).
  • Au flop, l'idée est de marquer un temps d'hésitation avant d'envoyer un continuation bet légèrement faiblard. Mais suffisant pour que, si l'adversaire relance, il ait globalement investi 1/3 de son tapis. La plupart des mauvais joueurs loose à ce niveau peuvent difficilement lacher une main dans laquelle ils ont déjà mis 30+% de leur tapis.
  • A l'inverse, le tapis doit être instantané en réponse à sa relance. Ca pue le vol. Ca lui laisse très peu de temps pour réfléchir et passer de sa logique agressive à une évaluation calme et posée de la main.
Ca ne fait certainement pas dans la finesse. Mais, hormis quelques cas malheureux (à ce niveau, ça aura plus tendance à slowplayer un set), cette triple feinte de faiblesse (trop grosse relance pf, bet trop faible et hésitant au flop, insta-push façon vol) on ramasse en général un tapis très facilement. Dans le cas contraire, où l'adversaire est seulement sur un bluff ou une main très faible, on prend tout de même 1/3 de son tapis. Beaucoup plus qu'on ne ramassera en général avec un jeu plus "classique"...

Il existe pas mal de variantes dans ce style. Mais pensez toujours que, avec une main comme AA ou KK, vous souhaitez jouer le plus gros pot possible : un adversaire, un tapis. N'hésitez donc pas à optimiser le pot control dès le préflop en relançant plus que nécessaire. A ce niveau de buy-in, et en début de tournoi (en fin de tournoi, une relance trop faible sera souvent plus efficace puisqu'elle entraînera souvent une relance all-in d'un joueur qui vous voit "weak"), ce sera plus souvent pris comme un signe de faiblesse qu'autre chose. Ce pattern trop de force-faiblesse-trop de force reste mon préféré ;)

ce sera tout ce kipik pour aujourd'hui, ce soir c'est live. Et demain gueule de bois...

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