Allers-Retours

Je continue ma montée en régime. Deux heures de Cash hier, toujours en 4-tablant la NL200 Full Ring sur PS. Et un bénéfice confortable de 4 caves à l'arrivée.

Encore une fois, j'en ai été le premier étonné. Je m'attendais à voir mon taux horaire descendre. Mais, plus je joue, plus il monte. Pas beaucoup de mains vraiment intéressantes. Juste quelques 2-barrels bluffs et beaucoup de pot control. Seule situation vraiment à risque : un 3-barrel bluff avec 86s sur un board K-rags mais vu que j'avais surelancé préflop une mini-relance, je ne manquais pas de crédibilité. Néanmoins, là aussi, une bonne gestion des hauteurs de mise m'a permis un gros bluff river sans tout de même risquer la totalité de mon stack. Mais suffisant si le gars avait, comme il était probable, une paire moyenne (ou un mauvais K). Le reste fut assez standard il me semble.

De manière générale, d'ailleurs, et je le dis parce que j'y ai pensé hier après avoir publié le post, les mains que j'ai postées récemment (le bluff catching, le check-raise AQ après un pot 4-bet préflop,...) sont des mains exceptionnelles (dans mon jeu). Je ne voudrais pas que vous pensiez que j'ai viré maniaque. J'essaie juste de glisser un ou deux moves de ce genre dans chaque session. Et rarement plus. Je sais les faire. Je n'ai pas peur de les faire. Mais il me faut encore beaucoup travailler le "spotting" : trouver le bon adversaire, le bon moment. Pour l'instant, ça se passe très bien : je ne me fais pas attraper. Mais c'est aussi parce que je suis super sélectif. Encore trop sélectif.

Ces moves ne sont d'ailleurs pas nécessaires pour être gagnant en NL200 Full Ring où un jeu semi-tight aggro très standard me semble largement suffisant. Mais il faut bien aussi préparer la suite. Surtout que, à ce rythme-là, le passage au NL400 devrait arriver très rapidement...


Mais ce rythme m'obsédait. Et m'a d'ailleurs empêché de dormir cette nuit. Du coup, je suis remonté dans mes archives. Histoire de voir à quoi ressemblaient mes sessions de NL200 lors de mon dernier passage.

Et j'ai compris. J'ai compris pourquoi je tournais en ce moment à un régime auquel je n'aurais pas rêvé (même si le winrate actuel finira bien par revenir sur terre). Et pourquoi, il y a un peu plus d'un an maintenant, j'avais bu la tasse.


J'étais médiocre.


Je ne dis pas que je suis aujourd'hui un génie du poker (lol). J'ai juste atteint le niveau qui me permet d'être extrêmement à l'aise en 200 FR. Pas non plus le sommet du monde, hein. On verra à l'avenir s'il y a moyen de faire mieux; pour l'instant, c'est la seule certitude que j'aie (pour autant qu'on puisse avoir des certitudes au poker). Reste que, en regardant ces vieilles sessions, je me suis fait pitié. C'est pas moche. Ni terrible. C'est juste au mieux quelconque. Au pire... approximatif, on dira. Plutôt tight weak. Avec la méchante tendance à ne pas savoir lâcher, ou à surjouer quand ça sent la force en face, qui va souvent avec.

Mauvaises lectures (hand range et board). Ou approximatives. Mauvaise gestion de l'agressivité (parfois trop, souvent pas assez). Problèmes de position. Bet sizing à l'arrache. Valorisation médiocre (par contre, facilement stackable). Pot control parfois totalement absent... et j'en passe


Bref, si j'étais passé du cash game aux tournois, c'est peut-être parce j'en avais marre. Mais, avec ce recul d'un an (et moins, j'ai aussi regardé quelques sessions qui ne remontaient qu'à l'automne dernier. Moins cata, mais...), c'est surtout parce que jouais mal. Je dramatise un peu. Mais, quand je regarde les chiffres qui découlent de ces sessions, j'en ai le tournis. Taux horaire poussif. Variance extrême. La recette miracle pour une belle explosion en plein vol...

Maintenant, on ne va pas refaire l'histoire. Mon histoire. Cette longue période essentiellement consacrée aux tournois m'a fait le plus grand bien. J'ai bossé comme un malade ces six derniers mois. Travaillé la discipline. L'agressivité. La lecture. La position. Le pot control. Le spotting. La gestion du stress. Des badbeats. Comprendre la variance (ça, pas encore sûr de vraiment totalement la comprendre, elle semble toujours avoir une surprise en réserve). Entre 10 et 16h par jour. Pour un résultat de misère...

Mais je ne regrette rien. C'était un passage obligé. Un apprentissage nécessaire. Et plus facile à mener à bien en conditions de tournoi, avec des stacks relativement peu profonds, face à des adversaires qui évoluent dans les mêmes conditions et sont, du coup, nettement plus coriaces dès qu'ils mettent un jeton en jeu. Et maintenant, alors que je me retrouve à jouer deep, face à des adversaires eux aussi deep et, pour l'essentiel, bien plus tight weak qu'en tournoi, je ressens un très agréable sentiment de liberté. Une extrême facilité.

Reste un premier gros domaine à travailler. Sur lequel je sens bien mes lacunes : aller chercher un stack de 100, 150 ou 200 BB. Là, au moins, il reste de gros progrès à faire. Je sature à peu près à 50BB. Ce qui est logique quand on vient du poker de tournoi puisque c'est généralement ce qu'on trouve au mieux en face. Mais c'est un talent qui risque vite de me faire défaut. En même temps, je compense avec une gestion de stack façon Fort Knox quand je suis dans le doute sur ma main. Mais je sais qu'il faudra un peu plus pour la NL400 (c'est un problème mineur en NL200 où beaucoup de joueurs ont le même défaut. Et de façon bien plus prononcée). Dur à prendre. Mais peut mieux faire quand il s'agit d'aller chercher.


Et, finalement, je ne regrette pas que mon jeu de tournoi se soit déréglé. Parce que c'est bien pour ça que je suis revenu récemment au cash game. La transition d'un jeu tight vers un jeu plus aggro s'est révélée nettement plus problématique que je ne le pensais. Et, de la même façon que j'ai pu corriger la plupart de mes défauts en passant aux tournois (je ne suis pas idiot non plus, il en reste des plus sournois et je sais bien -j'espère bien!- que je trouverai mon niveau actuel médiocre d'ici un an ou deux), je crois que le "changement d'atelier" s'imposait. Il n'est en effet pas facile de travailler le 3-bet light ou le 4-bet en tournoi. Ou une défense de blinds très agressive. Le floating. Les bluffs très appuyés. Et que sais-je encore. La sanction est trop immédiate en tournoi pour multiplier ces moves sur des spots douteux. Savoir les faire est bien moins important que savoir quand les faire.

Dans le doute, il vaut nettement mieux s'abstenir en tournoi. Et je me suis longtemps abstenu. Avec des résultats corrects. Hélas, je suis bien conscient que, pour passer de "correct" à "excellent", il n'est plus possible de s'abstenir autant. Reste à trouver le "juste milieu" vu que, récemment, je me suis beaucoup trop... pas assez abstenu.


Et ce sera tout ce kipik pour aujourd'hui

  1. gravatar

    # by Anonyme - 12:22 AM

    Merci pour ce "coup d'oeil dans le rétro", intéressant, et ça donne et des idées !

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